samedi 21 avril 2012

Michel Gaussiran

Michel Gaussiran singe, éponge et mouton

Intelligent comme un singe, il comprend tout
Malléable comme une éponge il absorbe tout, expérimente tout.
Docile comme un mouton, il ne confronte personne mais il a l’audace du loup qui s’insère dans toutes les bergeries sans jamais égorger la moindre brebis,
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Tel m’apparaît Michel. Il est arrivé à l’Arche au tout début, comme les autres, avec les autres.

Il venait aussi de l’École Pie IX, 11e année scientifique, ce qu’il y avait de plus « top » dans le temps. Un père tolérant et permissif, une denrée rare à l’époque. Trois sœurs plus jeunes qu’on n’a jamais vu à l’Arche et un frère plus jeune aussi inconnu.

L’événement-macaron qui à l’Arche le fait se distinguer c’est une première expérience de l’alcool commune aux ados de cet âge et qui comporte souvent des péripéties loufoques. Participant à je ne sais quel concours pour génies en herbe il est arrivé premier et avait obtenu une bourse de $200. Au lieu de déposer cet argent en banque comme l’aurait fait un jeune bien rangé, ou de l’encadrer comme un trophée de jeunesse à montrer à ses enfants, il va à l’épicerie, achète quelques caisses de bière et invite ses amis dans son garage à une beuverie comme on n’a pas idée. La fin de la fête aboutit sur le gazon devant l’Arche, à deux heures du matin. Sa marque était faite, il était « in ».

Il fut à l’Arche de toutes les réalisations ou expériences qui eurent du punch : La Cantatrice chauve, l’improvisation Boloman, la revue l’Acnée et j’en saute.

Études
Pendant le bon temps de l’Arche, il est inscrit à l’Université et y décroche en quatre ans un baccalauréat en criminologie. Il poursuit ses études qu’il accompagne de ptites jobs de gagne-pain.

À l’été 1970, alors étudiant au bac à l’Université de Montréal, il participe à un projet de recherche de la Commission royale d’enquête sur l’usage non médical des drogues. Toutes les drogues, objet de recherche, sont fournies à l’expérimentation des chercheurs. Il les expérimente toutes sans devenir accro d’aucune.

On y fait de l’observation participative dans le champ des valeurs de la contre-culture. Le monde de la drogue est tout un monde en soi. Michel accorde beaucoup de crédibilité Timothée Leary qui en est le principal mentor.

À la fin du bac, en 1972, divers emplois et voyages l’amènent jusqu’en octobre 1974 où il postulera pour un poste d’agent de projets à la Direction de l’usage non-médical des drogues du Ministère de la santé et du Bien-être social du Canada. C’est cette job de fonctionnaire qu’il quitte en 1975 pour un retour à la terre.

Fermeneuve

Fasciné par le retour à la terre et le métier de « farmer » »auquel il ne connaît rien, en 75, il laisse tout et prend la vague hippie, qui fascine aussi plusieurs anciens archers et aboutit à Fermeneuve. En octobre 75, il loue avec 6 autres comparses une grande maison à Val-Viger; à eux sept ils ont pratiquement doublé la population du village. En 1976, 3 des résidants de Val-Viger, dont Michel, et 4 nouveaux venus de Montréal achètent une terre de 204 acres à FermeNeuve. Aujourd’hui, il ne reste plus que 3 personnes des acheteurs initiaux, dont Michel évidemment. Durant l’été de 1978 il construira sa maison, 20’ x 24’ un « palace » érigé de ses propres mains.

Sur la ferme, d’abord on vit bien, on prend du bon temps comme des pachas en pleine nature. Et pour pouvoir maintenir ce régime, on tente les types d’élevage qui à court terme seraient les plus rentables. Les poules, les moutons le bœuf passent sur le banc d’essai. C’est insuffisant.

Emplois

Survivre à la campagne n’est pas toujours facile lorsqu’on a mis à sec le sac d’économies. Après différentes expériences avec les poules et les veaux et tutti quanti, Michel et André Lanthier, un des sept qui ont acheté la terre, se lancent dans l’élevage de moutons. La tonte des moutons au printemps, faire les foins avec des machines d’un siècle passé et l’aide des amis, surveiller l’agnelage en hiver deviennent la nouvelle réalité. Mais cette réalité ne génère pas suffisamment de revenus pour faire vivre deux familles; c’est pourquoi à l’été 1979, Michel retourne sur le marché du travail ordinaire par l’entremise d’un projet du Centre d’économie d’énergie de Mont-Laurier. Retour au chômage à l’automne. En février 1980, un projet « pile » de création d’emploi le sauve de la famine et lui fait fréquenter successivement la Maison funéraire Brunet à Mont-Laurier, Le centre de main d’œuvre de Mont-Laurier, le placement étudiant et de fil en aiguille il devient « Agent de projets de création d’emploi pour les Hautes Laurentides » avec bureau à Hull pour Emploi et Immigration Canada.

En 1981, il revient à Montréal et se trouve un emploi au Ministère de la Santé et du Bien-être social qu’il avait quitté en 1975; c’est l’emploi qu’il conservera jusqu’à sa retraite en juin 2008.

Santé

Michel arrête de travailler en 2008. Déjà en 79 on avait dépisté une fibrose pulmonaire interstitielle idiosyncratique.

En 92, un problème récurrent aux dents fait qu’un dentiste avisé procède à une biopsie de la mâchoire qui résulte en l’identification de la maladie d’origine, une Histiocytose X, une maladie évolutive et non-guérissable. Au fil des ans la maladie s’étend doucement mais la pharmacopée remplace les fonctions touchées.

En septembre 2009, un hoquet récalcitrant l’amène d’urgence à l’hôpital. Son taux d’oxygène est trop bas (82). Une embolie pulmonaire le rend oxygéno-dépendant.

Depuis 1985, il a toujours voyagé en moto. Il a vendu la troisième, sa dernière, en 2008.

Ce qu’il retient de l’Arche

Michel a l’impression d’être né à l’Arche. « J’étais un petit bouton quand j’y suis allé la première fois, nous confie-t-il et j’en suis sorti affranchi, comme une fleur aux multiples couleurs et en pleine floraison ».

Il y noue des amitiés importantes avec notamment Serge Gagnon, François Gélineau et Louis Ladouceur. Avec Gilles Vincelette il apprend l’art de la photo dans la chambre noire, un petit cagibi attenant à la chaufferie.

L’Arche est aussi le lieu de quelques folies. En scooter, habillé en soutane, il participe à des corvées de souscription.

Il garde un excellent souvenir du camp de restructuration à Labelle, de la fête de Noël à l’Arche et du chemin de croix du Vendredi saint à Sainte Scholastique et aussi des célébrations eucharistiques auxquelles il participait le dimanche à l’Arche avec sa première flamme, Johanne Tremblay.

Il vit sur le Plateau, voisin de la « gang » à Serge.


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