Souvenirs de Huguette Cossette

« L’Arche une période intense et déterminante

dans l’apprentissage de la solidarité,

dans le déroulement de sa propre existence

et dans son plaisir de vivre. ».

____________________________________

Je l’ai rencontrée un vendredi soir de mai 2011, chez Serge qui avait aussi invité d’autres anciens de l’Arche, de son voisinage.

Comme je l’ai connue, réservée, brillante. Elle attire l’attention mais ne la provoque pas. Le nom d’Huguette Cossette, prononcé en 1967 ou quarante quatre ans plus tard, ne laisse pas indifférent.

Quelques souvenirs et beaucoup de mystère se rattachent à son nom.

Elle fut cuisinière pour les frères à l’Arche, le temps de brûler un chapon au four.

Du deuxième, résidence des frères, elle diffusait un quinze minutes de radio : nouvelles, potins et invités. Comme chez les grands.

Elle écrivait aussi, des poèmes mystérieux un peu noirs qui disaient son mal à se situer dans sa vie.

Elle a fait du théâtre, à l’Arche, la « Cantatrice chauve » qu’elle est allée jouer avec la troupe du« Théâtre de la Mouche Bête » au cegep de Rosemont et à Ahuntsic.

Beaucoup d’amis aussi qui ont vécu le temps d’un instant ou le temps de passer à autre chose. Un heureux souvenir de Robert Vaillancourt avec qui elle animait la radio de l’Arche, de Yolande Racette, de Monique Monzerolle qu’elle côtoie toujours, de Robert l’Heureux et Alain Renaud avec qui elle formait un « trio d’enfer »… de François Gélineau qu’elle a accompagné jusqu’à la fin.

Puis, Huguette disparut de nos allées et venues. Je la retrouve en 2011, la seule femme parmi ce groupe d’anciens : Serge, Michel, Guy et Daniel. Elle parle peu, sourit à tous et à tout. Petit à petit avec une discrétion de pattern, elle lève le voile sur sa vie après l’Arche.

Sa mère a 86 ans. Elle se souvient du temps de l’Arche et en parle. Elle serait prête à répondre à certaines questions à ce sujet. (je saisis la perche)

Sa famille était en difficulté. Huguette, plutôt secrète à son endroit, y a longtemps cherché sa place. Études interrompues, travail sporadique, la lecture et l’écriture demeureront son refuge.

Depuis la jeune vingtaine, elle a toujours travaillé dans le milieu communautaire. Aujourd’hui, à 60 ans et depuis 12 ans, elle est responsable d’un centre de femmes situé dans le Centre-Sud de Montréal subventionné en partie par Centraide et le gouvernement du Québec. Ce centre se donne pour mission, à travers diverses activités, d’amener chaque participante à évoluer vers l’autonomie et la création.

L’Arche fut pour Huguette selon son expression même « une période intense et déterminante dans l’apprentissage de la solidarité, dans le déroulement de sa propre existence et dans son plaisir de vivre. ».

____________________________

Souvenirs de Madame Cossette, sa maman ... 86 ans

J’ai parlé à la mère d’Huguette. Elle habite Ste-Agathe depuis 25 ans. Ses six enfants, la visitent souvent.

Elle se souvient très bien de l’Arche y étant venue à quelques reprises Au début elle était un peu inquiète de ce qui pouvait se passer dans cette maison si populaire auprès des jeunes et dirigée par des frères qu’elle ne connaissait pas. Après une première visite à l’Arche elle fut rassurée. Elle a assisté à la pièce de Ionesco « La Cantatrice chauve » dans laquelle sa fille tenait le rôle principal.

De ces années, elle garde surtout le souvenir d’un temps où la jeunesse était soumise à de profonds changements. Ce qui causait de grandes inquiétudes pour les parents.

Après tout ce parcours elle se dit très heureuse des engagements de sa fille Huguette auprès des femmes en difficultés. Ses enfants, leur devenir et leurs visites sont toujours pour elle source de grandes joies.

1er juillet 2011