mercredi 29 juin 2011

Le 360 des PATRIARCHES

On boucle la boucle.


De droite à gauche :Bernard – Rémi – Danielle – Léo – Diane et Georges, son conjoint.

Dimanche le 15 mai, neuf des principaux PATRIARCHES fondateurs de l'Arche se réunissaient à Terrebonne en vue de faire le point sur cette aventure peu commune.

Il y avait quatre anciens frères, Léo, Gilles Rémi et Flo (seul Pierre n'a pu être rejoint) Gilles et Rémi étaient en compagnie de leur épouse respectivement Ginette et Danielle aussi cofondatrice de l'Arche. Puis il y avait Bernard et Yolande que tous considèrent comme le couple Adam et Ève de l'Arche et la dernière,t non la moindre, Diane (Perrault) justement considérée comme LA prof d'Henri-Bourassa qui s'est dès le début grandement impliquée dans l'Arche. Diane était accompagnée de Georges,


De gauche à droite : Flo – Ginette (conjointe de Gilles – Gilles - Yolande …

On a amorcé notre boucle à l'envers en revoyant ce que chacun avait fait ou était devenu après l'Arche.

• Diane, après deux années intensives d'implication à l'Arche s'est payé un voyage de 53 jours en Europe. Un important groupe de jeunes archers l’avaient accompagné à l’aéroport et lui avaient fait la haie d'honneur.
• Son petit tour de l'Arche étant complété, elle continua a ensei-gner le français et le théâtre à Henri Bourassa, se maria en 85 avec Georges, quitta Henri-Bourassa en 97 après 32 ans d'ensei-gnement. Elle a participé à la plupart des rencontres quinquen-nales organisées par Bernard. Elle a pris résidence à Ste-Agathe où, en compagnie de Georges, elle sirote doucement ses souvenirs dont l'Arche occupe une grande part.
Ce qu’elle nous dit de l’Arche

Du passé au présent: c'est un présent encore, ce passé que j'ai vécu à l'Arche. J'ai vraiment "grandi" pendant cette année 67-68. Je me souviens des amis, des sourires, des joies, des échanges, des confidences, des chansons, des efforts...de chacun qui a fait de l'Arche un lieu toujours présent à ma mémoire, un souvenir des plus heureux. Diane Perreault, professeure retraitée
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Bernard et Yolande font la paire. Ils ont été le premier couple à s'unir officiellement à l'Arche. Ils ont fait trois enfants et un bon bout de chemin ensemble. Ensemble ils ont été durement éprouvés par la perte de Pascal et de Sébastien qui avaient respectivement 14 et 20 ans, leurs deux plus jeunes.

Pendant qu'il était à l'Arche, Bernard a d'abord enseigné la musique dans les écoles secondaires de la CECM puis, après avoir fait ses premières armes pendant deux ans dans les camps à Zénon, il a pris la charge du Camp Richelieu à St-Come, poste qu'il occupe depuis 37 ans.

Yolande, arrivée à l'Arche 4 jours après sa fondation, a servi comme cuisinière des frères pendant plusieurs mois, a fréquenté l'Arche assidûment pendant plus de deux ans, a épaulé Bernard dans l'organisation des camps et dans les rencontres quinquennales des archers. Elle travaille présentement comme technicienne à la documentation à la bibliothèque Rena Cormier et à celle du CHRDEL de Lanaudière.

Yolande demeure pour l'Arche l'image symbolique de sa jovialité et la bibliothèque de ses souvenirs. Bernard et Yolande sont les heureux grands-parents d'un petit-fils, Jean-Daniel qui aura 18 ans en octobre.

Ce qu’ils nous disent de leur temps à l’Arche : Un excellent cours de préparation au mariage….

Yolande :
À votre contact mes amis, j’ai vécu des expériences qui m’ont permis :
- de prendre ma place
- de cultiver des amitiés qui durent encore
- d’apprendre à respecter les différences de point de vue
- mais surtout, le plus important, c’est d’apprendre à faire passer le projet commun (l’Arche) avant les individus. J’ai eu la chance de vous connaître, à votre contact je pense être devenue une meil-leure personne, c’est une expérience semblable qu’on peut souhaiter à son enfant, son petit-enfant. C’est un plus dans une vie. J’ai hâte de vous revoir!"  Extrait de: Clic Mes souvenirs de l'Arche des Jeunes par Yolande Racette

Bernard :
Je suis arrivé à l’Arche avec mes deux amis d’enfance, Jean- Louis Gill et Yves Prescott sans savoir toute l’importance que cet évé- nement aurait dans ma vie. Aujourd’hui, Jean-Louis, Yves et bien d’autres nous ont quittés mais je réalise que ceux que nous trouvions vieux à l’époque (les frères) sont toujours avec nous et pétant de san té. Faut croire que la soutane ne maganait pas son homme !

Finalement j’y ai vécu deux années intenses qui ont formé une partie de ma personnalité et de ma relation avec les autres. Des ami tiés, des amours mais aussi des affrontements et des ruptures mais quelques chose est resté profondément ancré en moi qui donne à mes amis de l’Arche une couleurdifférentes de toutes mes autres amitiés.

Je sais maintenant que nous avons été privilégiés, les planètes se sont enlignés pour nous. Les efforts de Flo et la générosité des frè- res ont porté fruits et nous, nous avons été là au bon moment.
Extrait de:(Clic) Souvenirs de l'Arche des Jeunes par Bernard Demers

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Rémi et Danielle se sont connus à l'Arche au cours d'activités qu'animait Rémi.

Danielle assidue à l'Arche avait aussi servi lors de l'organisation de la campagne de souscription et comme secrétaire de la commission de mise à jour de l'Arche après l'épisode de la république.

Le grand livre de l'Arche (ledger) garde la trace de son écriture fine, régulière et soumise.

Au mois de décembre 69, Rémi quittait la communauté. « Quand les feux sont éteints, les pompiers s'en vont » nous donna-t-il comme raison. Il n'était plus nécessaire de vivre en communauté pour faire oeuvre d'éducation auprès des jeunes.

Rémi termina sa carrière d'enseignant à Henri Bourassa comme ad-joint pour les jeunes en difficultés. On a reconnu sa très grande compétence en ce domaine.

Danielle, reconnue pour son travail soigné, a oeuvré longtemps comme commis de bureau pour le groupe Berthelet d'abord puis pour Les Amis de l'histoire.

Le couple a habité à Montréal-Nord et à St-Léonard et en 1974 il est venu s'installer à Terrebonne. Ils ont deux filles, Caroline et Annick qui leur ont donné trois petit fils, Malic (14 ans ), Michaël et Nicolas quatre et cinq ans.

Rémi, qu'on appelait déjà « le vieux » quand il était à l'Arche, fait un bon grand-père et Danielle toujours rieuse, réputée pour son humour et ses délicatesses, sait combler ses petits fils d'amour et de tendresses.

Rémi pratique toujours le golf et le tennis . Il a délaissé le hockey mais il patine toujours sur glace ou en paroles.

Ce qu’íls ont retenu de l’Arche :

Danielle : L’Arche a été pour moi le plus beau soleil de mon ado- lescence. J’ai pris du temps à me décider à la fréquenter. J’étais tellement gênée. Après la première rencontre j’y ai mordu à pleines dents. J’avais du plaisir à voir la diversité des jeunes de mon âge que j’y rencontrais. Je pouvais causer bien à l’aise avec eux. C’était comme dans la vraie vie, très différent des amitiés qu’on peut se faire à l’école.
Pour tout, que de bons souvenirs! Rémi, qui sait parfois être tout un cadeau!, est le bénéfice le plus appréciable que j’aie tiré de l’Arche. C’est pour la vie! --- Danielle

Rémi : L’Arche m’a d’abord fait connaître la mentalité et sur- tout la prodigieuse vitalité des jeunes de 16-20 ans que je n’aurais pas connus dans le milieu scolaire régulier. Après l’expérience de l’Arche j’étais prêt à enseigner dans les clas- ses supérieures du secondaire et même au CEGEP. J’ai eu du plaisir à communiquer avec eux, je me suis fait beaucoup d’amis qui me sont restés collés à la peau. Une voie d’accès aux ligues majeures de l’éducation. Et que de bons souve- nirs! Que d’activités!. C’est dans l’action que je me sens le mieux. À l’Arche j’ai été très bien servi. --- Rémi
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Gilles et Ginette se sont connus avant l'Arche lors des camps des Compagnons de la vie. Après sa séparation de son mari en 1969, Ginette venait plus souvent à l'Arche. Elle épaulait Gilles dans ses activités.

En juin 70, Gilles quittait la communauté. Il avait excellé dans de nombreuses activités auprès des jeunes. Il souhaitait, nous confie-t-il, expérimenter autre chose.
Il enseigna successivement la musique et la catéchèse à Henri-Bourassa et à Joliette pendant que Ginette enseignait à Repentigny. Tout en enseignant la catéchèse à Joliette, Gilles prit la charge de la pastorale du diocèse.

Ginette, qui a toujours manifesté une âme d'apôtre soucieuse d'aider les autres à vivre à plein, ne demandait pas mieux que de l'accompagner.

En 1978, le couple se mit à partager ses convictions sur la qualité et le sens de la vie axée sur l'Évangile en donnant des conférences ou des sessions d'étude à des groupes qui les requéraient. Ils laissè-rent l'enseignement pour s'adonner à cette tâche pendant plus de quinze ans. Solie était née de leur amour. Elle devint professeur et leur donna deux charmants petits fils, Maxime et Tommy.

Gilles a publié deux volumes qui reprenaient les thèmes des confé-rences: Alpha et Omega et « Fils ou filles de l'univers non seule-ment terrestre. » Ils nous livrent aussi un témoignage sur leur pas-sage à l'Arche.

Leur témoignage : "C’est ça l’Arche! Les mille et une activités qui s’y sont vécues semblent n’avoir été que des prétextes à une vie profon-dément vraie, profondément active." Cf. Clic - Témoignagne de Gilles et de Ginette
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Léo fut le premier des frères de l'Arche à quitter la communauté. Il avait terminé sa maîtrise en sciences religieuses. Le temps était ve-nu pour lui de changer de voie.

Sur l'invitation d'un ancien frère du Sacré-Coeur, il fit application à la commission scolaire de Laval et fut engagé à l'école St-Martin où il enseigna les mathématiques jusqu'en 1985. Un jeu de chaise musicale basé sur les droits d’ancienneté le propulsa à l’école pri-maire où il enseigna la 6e année jusqu’à sa retraite en 1990. Il garde aussi un excellent souvenir de cette période avec les plus jeunes.

Quelques mois après sa sortie de communauté, il rencontrait Anita qui enseignait aussi à St-Martin. Les deux ont fréquenté l'Arche assidûment jouissant d'un grand ascendant auprès des jeunes. Peu après leur mariage, ils ont adopté une petite fille, Chantal, à sa naissance, et plus tard, Christian âgé de 5 ans. Ils sont les grands-parents d'un petit fils qui répond au nom de Tommy.

Ce qu’il nous dit de l’Arche :

J’ai reçu autant que j’ai pu donner à l’Arche. Vifs mercis à tous ceux que j’y ai connus.
Cf. (Clic) Témoignage de Léo 

L’Arche dans le rétroviseur

Ce recul dans le temps nous ramène au temps de l'Arche où nous étions tous 43 ans plus jeunes. Plusieurs modifications sont apportées aux brouillons des six publications qui racontent cette épopée. Surtout, chacun rapporta ses petites histoires qui donnent de la saveur à ces récits. On y aura accès sous la rubrique « petites histoires à l'Arche », chronique qui s’ajoutera à celles déjà en ligne.

Après 40 ans, nous gardons de l’Arche comme la photo d’un événement attendu mais non prévu qui a marqué plus ou moins profondément quelques jeunes de Montréal-Nord et des alentours dans les années 1967 à 1970. L’événement Arche aurait pu ne pas se produire. Mais il a été et ce fut un bienfait pour plusieurs d’entre nous, animateurs et jeunes archers. On ne peut que s’en réjouir et souhaiter que la jeunesse d’aujourd’hui connaisse des moments aussi valorisants et aussi mobilisateurs.

La question qui tue

Puis, la question qu’il ne faut pas poser. L’Arche fut-elle un échec? Pourquoi l’Arche s'est-elle éteinte petit à petit après le groupe des pionniers ? Pourquoi aucune de ses copies répandues un temps à travers la province n’a pas survécu ? Est-ce un échec?

Chacun y va de son hypothèse. Le temps était trop changeant pour qu'une formule quelle qu'elle soit prenne racine. Le centre Loulou a fermé après quatre ans. Le centre de Joliette n'a guère duré plus longtemps. Le Cajet de Granby, qui s'était inspiré de l'Arche, a été transformé après deux ou trois ans en résidence pour les frères.

Plusieurs soulignent que pour durer l'Arche aurait dû diplômer ses pionniers et recommencer avec un autre groupe qui aurait eu le sentiment de tout faire à neuf. On souligne ainsi que c’est le fait de créer sa propre maison, d’en être les pionniers qui aurait été la principale source de son extraordinaire vitalité pendant les deux premières années.

Cette hypothèse, bien que fondée, n’explique pas, on le reconnaît, la dissolution rapide de l’Arche à la troisième année. Les frères ayant quitté leur communauté, il aurait été difficile de reprendre à neuf avec un autre groupe de jeunes. Et quel autre groupe ? En trois ans le milieu étudiant avait considérablement changé et la drogue avait fait de tels ravages qu’il aurait été très difficile de mobiliser les jeunes comme ce fut fait en 1967.

L'Arche fut-elle un échec ?

Aux yeux de la communauté, pressée par l’urgence de compter sur de nouvelles recrues venant du secondaire, comme le fait remarquer Flo, l’Arche n’a pas donné les résultats escomptés. Aucun archer n'est entré en communauté et les six frères qui y ont vécu ont tous quitté la communauté. Pas même la note de passage.

Mais si l’on se place du côté des frères qui ont vécu ce projet, la réponse est fort différente. Même si Bernard s’amusait avec le ter-me « frère reproducteur », le recrutement n’était pas dans la mire d’aucun des frères fondateurs de l’Arche. Gagnés à l’esprit de Va-tican II qui fait de la foi chrétienne une question de vie plus qu’une question d’enrôlement, les frères en fondant l’Arche avaient à cœur à ce que les jeunes vivent pleinement, qu’ils s’épanouissent dans la liberté et dans la joie, conditions plus particulièrement difficiles à réaliser pendant l’adolescence.

On visait une réelle et une profonde initiation à la vie chrétienne, non pas tellement l’acquisition d’un savoir théologique particulier ni la fidélité aux pratiques religieuses conventionnelles. « Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance » nous a dit Jésus.

Plus d’une centaine de jeunes ont vécu à l'Arche de forts moments de plénitude de vie dont le souvenir les accompagne toujours. Personne ne peut y voir un échec. Ce fut au contraire un franc succès.

Tous les frères qui ont vécu à l’Arche ont quitté la communauté. On ne peut considérer ce fait comme le résultat d’une influence négative que l’Arche aurait eue sur eux. Ces frères n’ont pas "perdu leur vocation" comme on le disait dans le temps. La vie spirituelle des frères n’a pas été mise au rancart pendant la période de l’Arche. Elle était au contraire vive et ardente. Elle s’est alimentée de façon dif-férente, elle a petit à petit transformé leur regard de foi sur Dieu et sur la vie.

Ceux qui sont morts ou qui s’éteignent n’ont plus de choix. Pour toute vie qui bat il y a des choix à faire et à refaire. Des mises à jour comme on le dit en langage informatique. La vie trépidante qui régnait à l’Arche a été la source d’importantes mises à jour tant pour les frères que pour les jeunes. Tous ont dû s’entraider dans ce cheminement car pour tous le sentier emprunté était nouveau, sans balises. Même la lumière du sens à la vie brillait à cette époque de reflets nouveaux, inconnus. On s’interrogeait sur tout, aussi bien les jeunes que les adultes. Une intense soif de vivre était commune à tous et partagée par tous.

Dans ces conditions, les titres, les fonctions, les étiquettes comp-taient peu. La vie de chacun était mesurée à sa densité propre, pas aux diplômes qu’il détenait ni à l’habit qu’il portait. À l’Arche tous étaient nus, sans honte, les uns devant les autres, comme nos pre-miers parents dans le paradis terrestre, avant la faute.

Une façon de dire qu’on ne peut évaluer l’Arche selon les paramètres usuels. Les pourcentages qu’on pourrait lui accoler sont non signifiants. Le seul paramètre qui compte c’est la vie, sa densité, ses élans, ses imprévus, sa vérité incoercible. .

La qualité de vie que les jeunes ont connue à l’Arche a dépassé toutes les attentes. Beaucoup de créativité en toute liberté, un respect mutuel exemplaire, une jovialité rayonnante.

L’Arche pouvait-elle durer des siècles ?

On n’attend pas du salut qu’il dure, mais qu’il soit complet.
On n'attend pas  de la joie qu’elle se fige dans des formules mais qu’elle soit rayonnante
On n'attend pas  de la liberté qu’elle soit acquise mais qu’elle soit en marche.

On ne peut enfermer l'Arche pas plus que la vie. L'Arche n'est pas devenue l'institution qu'on aurait pu souhaiter. Elle n'en fut pas moins  un véritable succès humain et par surcroit évangélique. Nous l’avons vécue en plénitude. Il n’y a rien à regretter.

Comme l'écrit Bernard, « les planètes se sont enlignées pour nous. Les efforts de Flo et la générosité des frères ont porté fruits et nous, nous avons été là au bon moment. »

« Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait et cela était très bon » Gn, 1,31


Le septième jour Dieu se reposa.

Le temps de la vieillesse et de la retraite est un temps de contemplation et non de flagellation. Contemplation de ce qui a été et sans regrets pour ce qui n’a pu vivre.

Contemplation avec un sourire entendu pour ce qui aurait pu être. Tous les possibles réels ou imaginaires, du pain sur la planche pour les rescapés d’une autre arche.

Dans l’attente de l’Arche de demain.


LES PATRIARCHES

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